À l'aube d'une percée évolutionnaire

L'identification et la résolution des deux causes d'origine des plus grandes problématiques environnementales et sociales planétaires

Photo de Alistair Nicol/CC BY-NC

Une percée évolutionnaire est une avancée importante dans notre évolution qui est rendue possible par la réunification de plusieurs prérequis qui la permettent. Avant ce moment-là l'avancée n'était pas possible. Tout d'un coup, quand les prérequis se réunissent, un nouveau chemin apparaît qui n'était pas visible avant et débloque la percée évolutionnaire. C'est comme avec la combustion, il faut un comburant (de l'oxygène), de la chaleur et du combustible. Quand on réunit les trois la combustion commence. Des connaissances scientifiques récentes dans les domaines de l'agroforesterie régénératrice, la biologie, la nutrition et la psychologie peuvent maintenant être réunies dans une synergie insoupçonnée et débloquent une percée évolutionnaire.

clochePour rappel, par bienveillance nous souhaitons œuvrer avec ceux et celles qui ont déjà décidé d'eux-mêmes d'apporter des changements à leur vie, mais pas de faire changer ceux et celles qui ne sont pas en recherche de changement. À certains moments dans le passé nous-mêmes n'étions pas en recherche de changement, donc c'est facile à comprendre que d'autres personnes pourraient passer par des moments pareils. Si vous n'avez pas envie de faire évoluer votre vie en ce moment, pas de souci, notre bienveillance pour vous reste inchangée. Nous souhaitons à tout le monde une vie pleine de joie, en bonne santé et pleine de sens, peu importe les différences dans nos modes de vie.

L'identification des causes d'origine

Fort d'expérience passée en tant qu'ingénieur, quand on dépanne un dysfonctionnement ou problème, la première étape cruciale est de trouver et comprendre la cause d'origine. Sans réussir à comprendre le mécanisme qui engendre le problème on n'arrive pas à appliquer une solution qui arrête la cause du problème pour ne plus subir les conséquences. Un problème peut durer pour toujours et ne jamais être réglé tant que la cause d'origine n'est pas comprise et corrigée.

Collectivement nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation où il y a plusieurs grandes problématiques planétaires. On est tous dans le même bateau. Des choix et croyances qui datent de longtemps avant notre naissance ont des conséquences que nous subissons collectivement aujourd'hui.

Depuis notre naissance on nous a appris "comment sont les choses" et donc nous menons tous nos vies dans ce cadre qu'on n'a pas choisi car on n'était pas en vie quand il a été mis en place. À travers les générations cela s'est transmis depuis très longtemps.

Aujourd'hui ce cadre, ou "paradigme", menace notre survie, notre santé, notre bonheur ainsi que celui des autres êtres vivants qui vivent sur Terre. Nous sommes à l'aube d'une percée évolutionnaire. Les connaissances et solutions sont réunies. C'est une belle opportunité de régler les causes d'origine des grandes problématiques planétaires et de mettre en place des solutions pour que les humains en vie, les générations à venir et tous les êtres vivants puissent s'épanouir et avoir une plus haute qualité de vie. Nous, Delphine et Daniel, agissons par bienveillance et par une volonté de prendre soin de tout le vivant, y compris tous les humains en vie aujourd'hui et les générations à venir.

Quand on observe ce qui se passe dans le monde, ce qui engendre le plus de souffrance physique et émotionnelle et dégradation des écosystèmes qui permettent notre existence, nous relevons :

  • la détérioration importante des écosystèmes (fragilisation, simplification à l'extrême, appauvrissement, érosion, dérèglement des cycles hydrologiques, érosion génétique);
  • le changement climatique (sécheresses, canicules, tempêtes plus violentes, la montée du niveau de la mer, etc.) ;
  • l'insécurité alimentaire (la désertification, la destruction de biodiversité qui régule les populations d'insectes, le dérèglement climatique qui impacte les cultures, la délocalisation de production, la fragilité des monocultures, la dépendance sur le pétrole pour la production et la distribution) ;
  • la 6ème extinction massive des espèces (dérèglement des cascades trophiques, destruction de la chaîne alimentaire et l'auto-régulation des populations, suppression des niches écologiques et biotopes);
  • l'argent qui dicte notre conduite à la place de nos valeurs nous fait agir contre notre intérêt à long terme et celui du reste du vivant ;
  • la violence physique et émotionnelle entre humains et envers d'autres animaux par les humains ;
  • et la souffrance émotionnelle dûe à une vie avec peu de sens, en déséquilibre et sans perspective de joie profonde et durable.

Entre 2009 et 2011 nous avons commencé à étudier la nutrition, ce que nous avons continué à approfondir depuis. En 2013 nous avons entrepris l'étude de la psychologie et de la Communication Consciente et Bienveillante (aussi appelée la CNV). En 2015 nous avons commencé à étudier l'agriculture régénératrice, la permaculture et la biologie. Pour chaque domaine nous avons identifié les chercheurs, docteurs, scientifiques et pionniers qui sont à la pointe des découvertes scientifiques récentes en plus d'avoir un haut niveau de rigueur. Nous avons commencé une liste très incomplète à ce jour des ressources auxquelles nous nous sommes référées dans notre apprentissage. Elles est disponible sur la page suivante https://www.laforetjardinee.com/fr/base-de-connaissances/ressources/. C'est un point de départ pour apprendre en autodidacte dans ces domaines.

Les plus grandes problématiques planétaires font partie d'une cascade de problèmes qui déclenchent d'autres problèmes à plus petite échelle. Nous, Daniel et Delphine, avons cherché les problèmes les plus hauts dans cette cascade, tellement hauts que nous n'avons pas trouvé un autre problème duquel découlent ces problèmes. Nous les appelons les causes d'origine. Nous avons identifié deux causes d'origine :

  1. l'homo sapiens n'est pas dans son rôle écosystémique bénéfique, ce qui engendre les plus grandes problématiques environnementales ;
  2. l'homo sapiens n'a pas une compréhension profonde et claire de sa propre psychologie, ce qui engendre les plus grandes problématiques sociales, relationnelles et environnementales.

Résoudre ces deux causes d'origine réglera les plus grandes problématiques planétaires, ce qui serait dans l'intérêt de tous le vivant, y compris les humains en vie et les générations à venir. Les solutions existent mais sont très peu connues.

Réconcilier l'humain avec le reste du vivant

Nous avons étudié le rôle écosystémique des espèces dans la famille des hominidés, dont l'homo sapiens fait partie. Nous nous sommes rendus compte que l'homo sapiens ne se comporte pas comme il le ferait s'il était dans son rôle écosystémique. Dans la famille des hominidés il y a les bonobos, chimpanzés, gorilles, orangs-outangs et l'homo sapiens [1]. L'homo sapiens partage ~98,7% de son ADN avec les bonobos et chimpanzés [2]. Les bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outangs jouent leurs rôles importants dans leur écosystème [3,4,5,6] et ont un impact beaucoup plus positif que négatif. Ils :

  • sont des disperseurs de graines à une échelle massive ;
  • ont une alimentation non-dénaturée et non-stérilisée par la chaleur de la cuisson et qui est fortement basée sur les aliments d'origine végétale ;
  • sont des sources perpétuelles de fertilité pour leur écosystème (leurs urines et excréments fertilisent le sol au lieu de polluer l'eau potable/douce comme la majorité des humains le font) ;
  • et ils œuvrent dans le même sens que la succession écologique dans leur écosystème (ce qui maximise la biodiversité, la fertilité et la résilience et est dans l'intérêt de tout le vivant).

Ils contribuent à rendre leur écosystème de plus en plus propice à la vie.

L'homo sapiens, à cause de différentes raisons, à une tendance globale, mais pas systématique, à se comporter d'une façon à ne pas jouer le même rôle. Chaque écart de comportement a des conséquences négatives pour notre écosystème qui permet notre existence.

L'homo sapiens est la cause majeur de l'extinction holocène [7], une extinction massive des espèces à une échelle planétaire qui a commencé il y a ~10 000 ans. Cette éradication massive des espèces via la chasse et la destruction des habitats naturels brise les chaînes alimentaires qui assurent un équilibre dynamique de la population des différentes espèces dans l'écosystème. La réduction drastique des populations de la faune et mégafaune est contre l'intérêt des écosystèmes. Cela réduit de façon remarquable la biodiversité et donc la résilience des écosystèmes. L'homo sapiens avec son comportement hors de son rôle écosystémique rend son écosystème de moins en moins propice à la vie. Nous pouvons faire autrement en embrassant notre rôle écosystémique bénéfique, faire comme le reste des hominidés et rendre notre écosystème de plus en plus propice à la vie. Nous proposons d'adopter une vision écocentrée au lieu d'anthropocentrée (centrée sur l'intérêt de l'homo sapiens) comme c'est le cas dans notre paradigme actuel. Notre impact deviendrait plus positif. On pourrait contribuer à augmenter la biodiversité d'année en année jusqu'à son apogée dynamique. Nous proposons que le rôle écosystémique le plus bénéfique pour l'homo sapiens est d'être un cueilleur de la grande majorité de son alimentation, un disperseur à grande échelle de graines des plantes qui le nourrissent, un protecteur de tout le vivant et une source perpétuelle de fertilité dans un mode de vie en symbiose avec son écosystème. Nous proposons de rendre notre écosystème de plus en plus propice à la vie comme le font les autres hominidés.

Il est courant que l'homo sapiens prenne l'eau douce de la surface planétaire, qui est essentielle pour notre existence et représente seulement 0,02% de l'eau sur la planète [13,14], et la pollue avec ses urines, excréments et autres polluants. Ceci n'est pas le cycle naturel de nutriments pour un hominidé comme l'homo sapiens. Une version très simplifiée du cycle de nutriments dans lequel l'homo sapiens participerait naturellement serait : sol -> plantes -> animaux (y compris l'homo sapiens) -> microbes -> sol. Ce cycle recycle les nutriments et évite d'appauvrir la fertilité d'un lieu. Plutôt que de fermer la boucle du cycle de nutriments, beaucoup d'homo sapiens, pour différentes raisons, transforment leur précieuse ressource de fertilité en pollution de l'eau potable/douce très rare. Il est simple de devenir une source perpétuelle de fertilité pour notre lieu d'habitation, en évitant tout risques sanitaires, avec un système de toilettes sèches et un compostage du contenu des toilettes sèches dans son jardin. Ainsi nous augmentons la fertilité de notre lieu d'habitation au lieu de polluer l'eau potable/douce et d'exporter notre fertilité du lieu en rompant le cycle de nutriments. Notre impact deviendrait plus positif. De part sa nature, une surpopulation locale transforme la fertilité de ses excréments en pollution à cause d'une concentration trop haute et non-naturelle. Cela fait qu'une surpopulation chronique locale est difficilement compatible avec le fait d'être une source perpétuelle de fertilité.

Les autres hominidés participent à faire avancer la succession écologique vers son climax dynamique. La succession écologique est le processus spontané d'évolution et succession des êtres vivants à partir de la roche nue (pour la succession primaire) ou un sol à nu (pour la succession secondaire) jusqu'à la végétation climacique qui héberge tous les autres êtres vivants qui peuvent vivre là. Si l'homo sapiens participait à faire avancer la succession écologique vers son climax dynamique comme le font les autres hominidés notre impact serait beaucoup plus positif.

Lors de l'invention de l'agriculture il y a 10 000 ans nos ancêtres ont développé un mode d'agriculture basée sur la steppe : des champs et pâtures pour y cultiver des plantes annuelles, y compris beaucoup de céréales et y faire de l'élevage d'autres animaux pour les tuer et les manger. La très grande majorité des homo sapiens suivent le même modèle aujourd'hui et pensent que c'est la seule façon de cultiver. L'agriculture de steppe pratiquée à très grande échelle de façon presque exclusive dans des régions où la végétation climacique est la forêt, c'est à dire là où il y a plus de 550 mm de précipitations par an [8] comme sur 90% du territoire français, est inéluctablement destructeur. En effet le maillage de biotopes de forêt à canopée éparse, forêt à canopée fermée, clairières, lisières, prairies, zones marécageuses et aquatiques sont détruits et remplacés par des champs et pâtures. Le rôle clé des forêts dans les cycles hydrologiques est cassé [9]. Les champs à très grande échelle, souvent avec des monocultures ou une très petite sélection de plantes potagères, sont beaucoup moins riches en biodiversité et moins résilients face aux extrêmes climatiques [10]. Très souvent le sol est nu et donc érodé par la pluie et le vent. Les pâtures sont souvent surpâturées, compactées et peu diverses. Ainsi l'homo sapiens met en place des biotopes plus pauvres, moins complexes, moins durables et plus vulnérables à grande échelle, ce qui est contre l'intérêt de l'écosystème qui permet son existence. Il reste bloqué dans une lutte perpétuelle contre la succession végétale qui essaye de remettre en place un mélange de biotopes beaucoup plus riches en biodiversité, plus fertiles, plus complexes, plus résilients aux extrêmes climatiques et qui assurent le bon fonctionnement des cycles hydrologiques que nos ancêtres ont dégradés [9].

Il est possible de réconcilier agriculture et écologie en cultivant notre nourriture sous forme d'un mélange de biotopes qui ressemblent à l'écosystème climacique (forêt avec une canopée très éparse, des zones à canopée fermée, des zones aquatiques, des lisières et des clairières qui couvrent moins de 25% de la surface). En faisant ainsi l'homo sapiens deviendrait un atout à son écosystème et œuvrerait avec le reste de la nature et non contre elle. L'homo sapiens pourrait remplir ses besoins nutritionnelles en agradant l'écosystème, le contraire de le dégrader. Ce mode d'agriculture sous forme d'un grand maillage de forêts nourricières pourrait inverser la tendance à avoir de plus en plus de sécheresses, canicules, inondations et tempêtes violentes [9]. De plus, avec une alimentation basée sur des aliments d'origine végétale (pas forcément exclusivement végétale) il y aurait besoin de beaucoup moins de surface cultivée, environ 70% de moins nous estimons [11], car nous consommerions directement les aliments cultivés sans perte de calories, protéines et nutriments à travers d'autres animaux intermédiaires [12]. Cette surface libérée pourrait être laissée en libre évolution pour recréer une forêt climacique européenne en s'inspirant du projet de Francis Hallé mais à une échelle beaucoup plus grande. Cela représenterait une restauration de nos écosystèmes à une échelle massive, restaurerait les cycles hydrologiques, arrêterait la chute de biodiversité pour la restaurer, capterait des quantités astronomiques de CO2 et rendrait ces régions plus résilientes au changement climatique. L'homo sapiens aurait un impact fort positif sur le reste du vivant.

Les autres hominidés sèment spontanément une végétation nourricière autour d'eux tout en augmentant la diversité génétique des espèces végétales qui les nourrissent. Une petite minorité d'homo sapiens font pareil. La grande majorité, sous différentes contraintes, habitudes ou croyances font en sorte de tuer les graines des plantes qui les nourrissent sans le faire exprès dans la majorité des cas. L'homo sapiens tue ces graines en les mettant à la poubelle, en utilisant des toilettes à eau, en chauffant les graines pour les manger et en "stérilisant" du compost par la chaleur pour que toutes les graines soient mortes.

Il existe une relation symbiotique bien souvent entre les espèces disperseuses de graines et les plantes qui les nourrissent. La plante fait un effort important pour produire des fruits (comme une courge, une tomate, une pomme, etc.) qui soient désirables pour que l'animal qui les mangera disperse ses graines plus loin. Certaines graines sont recrachées par terre, d'autres sont avalées et déposées à terre dans un tas de fertilité (les déjections de l'animal) propice à la survie des descendants de la plante. La relation symbiotique c'est que la plante nourrit l'animal et l'animal favorise fortement la propagation de la plante. Quand l'homo sapiens sort de cette relation symbiotique, la relation vire vers l'exploitation ou le parasitisme. L'exploitation c'est le fait de se servir ou de profiter de l'autre sans considération pour lui, sans prendre soin, sans lui rendre service en retour. L'exploitation est très courante dans notre paradigme actuel qui est fortement anthropocentré, centré sur l'homo sapiens, ou encore dans des comportements égocentrés comme quand certains homo sapiens exploitent ou dominent d'autres homo sapiens.

Réconcilier l'humain avec lui-même

La deuxième cause d'origine des plus grandes problématiques relationnelles, sociales et environnementales c'est que l'homo sapiens n'a pas une compréhension claire et profonde de sa propre psychologie. Ceci fait qu'il adopte parfois des comportements qui réduisent son propre bonheur, sa sécurité et la capacité de son environnement à assurer son existence. Collectivement nous avons hérité une vision du monde, une façon de penser et de parler qui réduit fortement le remplissage de nos besoins émotionnels et physiques. Personne en vie aujourd'hui n'a crée cette situation. Nous sommes tous dans le même bateau et en subissons les conséquences très désagréables.

Il y a une issue heureuse à cette situation grâce aux découvertes dans la psychologie. Spécifiquement le mécanisme de la stimulation des sentiments agréables quand nos besoins universels sont remplis, ou la stimulation des sentiments désagréables quand nos besoins universels sont menacés ou pas remplis. Il y a environ 140 besoins universels identifiés pour l'homo sapiens. Un besoin universel ne peut pas être lié à une personne spécifique, un lieu spécifique, un moment spécifique ou une stratégie spécifique (ici on utilise le mot stratégie pour signifier un moyen spécifique d'atteindre un objectif... rien à voir avec la guerre ou de remporter sur l'autre). Une liste des environ 140 besoins en français est disponible sur www.laforetjardinee.com/fr/base-de-connaissances/ ainsi qu'une liste de sentiments que l'on ressent quand nos besoins sont remplis ou pas remplis.

Attention aux faux besoins et faux sentiments qu'on nous a appris à employer qui sabotent le processus de remplir et nos propres besoins et les besoins de l'autre ! On peut croire qu'on exprime nos sentiments et besoins, mais si on utilise les faux c'est garanti que ça va saboter notre démarche et notre bonheur.

Un faux besoin est l'usage du mot "besoin" suivi par une stratégie et non un besoin universel (issu de la liste ci-dessus). Quelques exemples de faux besoins seraient "j'ai besoin d'aller à Paris," ou "j'ai besoin que tu ranges ta chambre," ou "j'ai besoin que tu nettoies la table." C'est critique de ne pas confondre les stratégies avec les besoins universels sous peine de fortement réduire le remplissage de nos propres besoins et les besoins de nos êtres chers. Les besoins universels sont indépendants d'un moyen spécifique d'atteindre un objectif. Par exemple voici quelques besoins universels : amour, aider, contribuer aux autres, sécurité, compagnie, écoute, expression, repos, équilibre, sens, compréhension, bienveillance, prendre soin, ordre et propreté.

Un faux sentiment est l'usage de l'expression "je me sens" suivi par une évaluation de ce qu'on pense que l'autre nous aurait fait, et pas un sentiment de la liste ci-dessus. Un exemple de faux sentiment serait, "je me sens trahi(e)," ce qui est plutôt une évaluation de ce qu'on pense que l'autre nous aurait fait. On pourrait se sentir triste, méfiant, déçu ou blessé. Un autre exemple serait, "je me sens rejeté(e)" qui est une évaluation/jugement de ce que l'autre nous aurait fait. Dans ce cas on pourrait se sentir seul, sombre, envieux ou triste par exemple.

En pensant et en exprimant nos besoins non-remplis avec des sentiments et non des jugements, reproches, évaluations, diagnostiques, critiques, dévalorisations ou comparaisons (ce qui est une dévalorisation implicite), nous constatons qu'il est possible de réduire d'environ 90% les sentiments désagréables qu'on ressent. Autrement dit de réduire d'environ 90% sa souffrance émotionnelle qu'on s'inflige inconsciemment. C'est révolutionnaire.

La compréhension de l'origine de la violence émotionnelle et physique nous permet de penser en d'autres termes basés sur les besoins universels et sentiments et ainsi de déjouer le mécanisme de la violence émotionnelle et physique. En faisant ainsi on peut améliorer la qualité de vie de tout le monde et assurer le remplissage des besoins universels (pas les stratégies) de tous sans violence. De nouveau c'est révolutionnaire. Notre empathie et compassion naturelles envers les autres sont fortement réduites ou coupées quand on pense en termes de jugements, reproches, évaluations, diagnostiques, critiques, dévalorisations ou comparaisons. Ce qui remplit le plus l'ensemble de nos besoins, autrement dit ce qui nous rend le plus heureux, c'est quand on fait en sorte que les besoins chez nous et chez l'autre sont remplis. C'est pour cela que nous proposons de se fixer cet objectif dans toutes nos interactions avec les autres. Certains de nos besoins universels sont remplis en agissant en faveur de l'autre, comme prendre soin, contribuer, aider, leur montrer de la chaleur émotionnelle, de l'amour, de la douceur, de la tendresse et de la bienveillance, ou encore la co-création ou collaboration avec eux. Quand on remplit ces besoins chez nous, on contribue aux autres et on stimule des sentiments agréables chez soi.

Si collectivement on avait une compréhension profonde et claire de notre psychologie, en plus des outils pour remplir et nos besoins universels et les besoins de l'autre, on :

  • ne s'infligerait pas à nous-mêmes 90% de nos sentiments désagréables ;
  • n'exploiterait ou ne dominerait jamais une autre personne car cela nous empêche d'être aussi heureux qu'on pourrait l'être en choisissant une stratégie où chacun y trouve son compte ;
  • remplirait nos besoins universels sans discrimination (sexisme, racisme, spécisme, etc.) ;
  • éviterait la violence émotionnelle, qui est un prérequis pour passer à la violence physique et à la guerre ;
  • aurait des relations intimes plus harmonieuses, tendres et durables.

Notre cerveau essaye en continue de remplir nos ~140 besoins universels, peu importe que nous en soyons conscients ou pas. Nos besoins sont organisés dans une sorte de hiérarchie dynamique selon leur priorité. Notre cerveau se concentre sur le remplissage des besoins non-remplis les plus prioritaires à chaque instant. C'est un sujet profond sur lequel nous écrirons plus d'articles.

Nos ancêtres n'avaient pas accès à ces connaissances scientifiques, donc ils se sont débrouillés comme ils pouvaient tout en baissant fortement leur qualité de vie et en vivant dans la violence émotionnelle et physique perpétuelle. Les moyens existent maintenant pour vivre une vie d'une qualité beaucoup plus haute et arrêter de saboter inconsciemment son bonheur, même si les personnes autour de nous ne changent rien.

La violence émotionnelle est la première étape pour passer à la violence physique. En supprimant la violence émotionnelle de nos pensés et nos mots, nous déjouons le mécanisme qui permettrait de passer à la violence physique et à la guerre. Nous avons hérité de nos ancêtres une vision du monde et de nous-mêmes, et une façon de penser et de s'exprimer qui font que quand nous avons des besoins menacés ou pas remplis nous les exprimons avec des reproches, critiques, injures, dévalorisations, jugements moralisateurs, comparaisons et évaluations. On a toujours été entourés par cette façon de penser et de parler, donc forcément on a été imprégnés par cette façon d'exprimer nos besoins universels non-remplis. De plus, personne nous a appris nos ~140 besoins universels. Chercher à remplir nos besoins universels en exprimant des reproches, critiques, injures, dévalorisations, jugements moralisateurs, comparaisons et évaluations réduit très fortement les chances que l'ensemble de nos besoins universels soient davantage remplis après qu'on se soit exprimé. Quand notre comportement baisse le niveau global de remplissage de nos besoins universels, nous ressentons plus de sentiments désagréables. On baisse alors notre niveau de bonheur et de qualité de vie sans le faire exprès. Il existe un moyen de s'exprimer, très peu connu, qui favorise fortement le remplissage de nos besoins universels tout en prenant soin de l'autre. Dr. Marshall Rosenberg a mis au point un processus qu'on appelle la Communication Consciente et Bienveillante, aussi appelé la Communication Non-Violente (CNV), décrit en détail dans son livre "Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)". Nous, Delphine et Daniel, mettons au point des techniques supplémentaires et complémentaires telle que "La danse des besoins" pour prendre des décisions en collectif sans opposition, la "pacification seul" ou la "pacification mutuelle" pour passer d'un état de peine émotionnelle à un état pacifié et de bien-être, l'OCCSBD (observation, compréhension, compassion, sentiment, besoin, demande), pour exprimer ses besoins non-remplis d'une façon facile à entendre pour l'autre et le "bain d'amour" pour stabiliser émotionnellement quelqu'un qui s'apprécie moins, se déteste ou se reproche et en souffre fortement car ses besoins de valorisation, estime, sens de sa propre valeur, sécurité affective, douceur, amour ou chaleur ne sont pas remplis. Chaque technique fera l'objet d'un article détaillé dans le futur.

La grande majorité des humains vivent dans une organisation sociale et financière où ils sont poussés à faire absolument tout pour acquérir (gagner/voler) de l'argent, même détruire l'écosystème qui permet leur existence, juste pour remplir leurs besoins physiologique de base. D'autres personnes qui ont plus qu'assez d'argent pour subvenir à leurs besoins de base continuent ces comportements pour remplir des besoins émotionnels tel que l'estime, le sens de leur propre valeur, la sécurité affective (éventuellement vis à vis d'eux-mêmes), la reconnaissance, l'amour, le plaisir, etc. Détruire l'écosystème qui nous permet de vivre revient à l'autodestruction. D'autres stratégies existent pour beaucoup mieux remplir nos besoins universels tout en prenant soin de tout le vivant et de l'écosystème qui nous permet de vivre.

Un prérequis est de basculer de notre vision anthropocentrée, où l'intérêt de l'humain est au centre des décisions et actions, à une vision écocentrée, où l'intérêt de l'ensemble du vivant, y compris les humains, est au centre de nos décisions et actions. On peut se demander par exemple "comment est-ce que je peux avoir un impact le plus positif possible sur tout le vivant, y compris les autres humains ?" Puis on trouve les stratégies pour le faire et on le fait. Ça peut prendre du temps pour faire évoluer sa vie pour faire exactement comme on voudrait. L'organisation sociale actuelle ne facilite pas cette transition. En réponse à cette question on pourrait par exemple remplir ses besoins physiologiques avec d'autres moyens que l'argent, comme l'autoproduction et l'échange, ou encore remplir ses besoins émotionnels avec des outils de la Communication Consciente et Bienveillante et la psychologie au lieu de compenser pour son mal-être avec des stratégies de consommation, compensation et distraction. Une étape importante est de trouver un rythme de vie qui assure une vie en équilibre, de remplir l'ensemble de nos besoins universels autant que possible. Aujourd'hui on est poussé à vivre en déséquilibre entre notre vie professionnelle et personnelle, endetté et dans une fatigue chronique ou boosté artificiellement par des aliments et boissons sur-stimulants qui dégradent notre santé. Ce mode de vie remplit peu l'ensemble de nos besoins et nous coince dans un mal-être plus ou moins conscient sans perspective de joie profonde et durable. Au lieu de se laisser diriger par l'argent, se diriger soi-même en devenant progressivement le changement qu'on voudrait voir dans le monde dans une vision écocentrée, pas anthropocentrée ou égocentrée. Au lieu d'accepter de faire un boulot qui n'a que très peu de sens, réfléchir sur les plus grandes problématiques planétaires et voir comment vous pouvez régler les causes d'origine en vous libérant du temps avec un travail à mi-temps par exemple et en ayant une vie en équilibre. Votre temps sur Terre est limité, qu'est-ce que vous pourriez faire qui aurait le plus d'importance et de sens pour vous et pour le reste du vivant ? Peut-être contribuer à refaire une planète paradisiaque avec d'autres personnes qui œuvrent dans ce sens ? Il est possible de démarrer un nouveau chapitre de sa vie en remplaçant ses anciennes stratégies avec des nouvelles qui remplissent mieux l'ensemble de ses besoins. La vie devient de plus en plus joyeuse, on remplit de mieux en mieux et nos besoins et les besoins des autres humains et non-humains. Notre impact devient de plus en plus positif. On devient acteur dans la co-création du prochain paradigme où les humains seront plus heureux, en meilleure santé et auront un impact plus positif que négatif sur leur environnement et le reste du vivant.

Dans notre organisation financière et sociale actuelle, la majorité des actifs gagnent de l'argent d'une façon qui a probablement un impact plus négatif que positif sur l'écosystème qui permet notre existence pour payer le 1,5% de la population qui cultive leur alimentation, souvent d'une façon qui a un impact environnemental global plus négatif que positif. Nous avons hérité de nos ancêtres cette organisation financière et sociale, qu'on n'a pas choisie ou conçue, qui, il nous semble, est incompatible avec l'objectif de vivre de façon durable à très long terme sur Terre. Cette organisation nous maintient dans une sorte de vulnérabilité, de dépendance à l'argent. Si moi je dégrade un peu notre écosystème pour produire un article que je vends, puis l'acheteur dégrade un peu notre écosystème pour gagner de l'argent pour m'acheter cet article, et on fait ça tous à une échelle planétaire, cela engendre inéluctablement une forte dégradation écosystémique. Cela crée des mégacrises environnementales. C'est exactement cela auquel nous avons à faire face aujourd'hui, un ensemble de crises environnementales qui font une mégacrise environnementale. Nous nous empoisonnons. Certains personnes ont développé une relation parasitique avec le reste de la population. Les visions égocentrée et anthropocentrée règnent.

Heureusement c'est possible de remplir les mêmes besoins universels avec d'autres stratégies pour avoir une vie plus joyeuse, en meilleure santé et en ayant un impact plus positif que négatif sur notre écosystème. C'est complètement contre notre intérêt de dégrader l'écosystème qui permet notre existence pour gagner de l'argent pour remplir des besoins physiologiques de base (air, abri, eau, nourriture, température confortable) car la dégradation de notre écosystème va finir par ne plus nous permettre de remplir nos besoins physiologiques de base. N'oublions pas que l'argent est une stratégie parmi d'autres pour remplir nos besoins universels, un simple outil arbitraire crée par l'homo sapiens. Sa valeur dépend strictement de la croyance dans sa valeur. Si personne en voit sa valeur, la monnaie n'a effectivement plus de valeur. Les autres êtres vivants ne sont pas dépendants de l'argent. Une solution serait de remplir nos besoins physiologiques de base soi-même ou à plusieurs avec des stratégies qui ont un impact plus positif que négatif sur notre écosystème. Pour la production de sa nourriture cela pourrait être une forêt-jardin régénératrice. Pour un abris et une température confortable, une petite maison passive en matériaux compostables, ou une petite maison rénovée avec une très bonne isolation sans pont thermique avec un poêle fusée de masse* alimenté par des branches de sa propre forêt-jardin qui capte plus de CO2 qu'émis par le poêle fusée.

*rocket mass heater en anglais, développé aux États-Unis dans les années 80. C'est un poêle maçonné avec une chambre de combustion en forme de J qui monte dans une cloche métallique et a un conduit qui serpente à travers de la masse thermique souvent en forme de banquette (https://en.wikipedia.org/wiki/Rocket_mass_heater).

La percée évolutionnaire

On s'épuise à essayer d'arrêter tout un tas de symptômes déclenchés par ces deux causes d'origine : la corruption, la discrimination, la violence émotionnelle et physique, la dégradation de l'environnement, la pollution, le dérèglement climatique, l'inégalité, la déforestation, la souffrance d'autres animaux, les lobbies et multinationales, les sécheresses, les maladies "de civilisation", le taux de déprime et l'utilisation d'anti-dépresseurs à grande échelle, le désespoir généralisé et l'écoanxiété. La résolution des deux causes d'origine de ces symptômes les arrêtera.

Nous voyons aucune autre issue heureuse de cette situation que d'arrêter les causes à l'origine, donc c'est pour cela que nous avons dédié nos vies à montrer des exemples concrets dans notre mode de vie et sur notre propriété à travers notre projet La Forêt Jardinée. Pas à pas nous avançons sur notre propre chemin. Nous avons atteint certains objectifs mais il en reste d'autres devant nous. Nous sommes imparfaits et sommes des fois face à des compromis. Progressivement nous éliminons les compromis pour devenir de plus en plus le changement que nous voudrions voir dans le monde. À ce jour, fin décembre 2023, nous avons réduit notre empreinte carbone de 91% par rapport à la moyenne française de 2022, on a réduit notre consommation d'eau domestique de 90% par rapport à la moyenne française, on a réduit nos déchets ménagers de 98% par rapport à la moyenne et on a réduit notre consommation électrique domestique de 90% par rapport à la moyenne (plus de détails et sources ici). Il nous reste encore du chemin devant nous. L'ensemble de notre propriété capte environ 10x plus de CO2 que ce que nous émettons aujourd'hui. D'ici quelques années notre forêt-jardin à elle seule devrait capter autant de CO2 que ce que nous émettrons. Nous tenons à atteindre notre objectif d'avoir un impact plus positif que négatif sur notre environnement, tout en ayant une vie de haute qualité et en bonne santé. Nous nous réjouissons de co-créer un futur plus désirable pour tous les habitants de la Terre avec les autres personnes qui sont dans une démarche similaire.

Quand l'homo sapiens agit dans son rôle écosystémique bénéfique et qu'il a une compréhension profonde et claire de sa psychologie :

  • il restaure les écosystèmes terrestres en contribuant à leur évolution vers leur état climacique dynamique, ce qui maximise leur biodiversité, fertilité, résilience, stabilité et propension à la vie ;
  • son mode de vie, son alimentation et son mode d'agriculture font en sorte qu'il capte beaucoup plus de CO2 que ce qu'il émet et dégage extrêmement peu d'autres gaz à effet de serre, ce qui contribue à stabiliser le climat sur Terre ;
  • il ne dégrade pas les écosystèmes aquatiques car son mode de vie, son organisation sociale et financière ne l'incitent plus à le faire. Il les laisse se régénérer ;
  • il restaure les cycles hydrologiques ce qui supprime sa contribution à créer les sécheresses actuelles, favorise des précipitations étalées pendant toute l'année, réduit les précipitations violentes et modère les canicules ;
  • il augmente fortement sa sécurité alimentaire en assurant une production locale et diversifiée pendant toute l'année avec une marge de surplus qui lui permet de s'adapter à des imprévus ;
  • il arrête la 6ème extinction massive des espèces et soutient la restauration des chaînes alimentaires et l'apparition de nouvelles espèces dans une vision écocentrée, pas anthropocentrée ;
  • il remet l'argent à sa place, en tant que simple outil et fait de sa priorité de prendre soin de tout le vivant, des humains en vie et des générations à venir, et de l'écosystème qui permet sa propre existence ;
  • il utilise de nouvelles stratégies pour remplir ses besoins universels dont il est pleinement conscient. Ces nouvelles stratégies remplissent plus ses besoin universels que le recours à la violence émotionnelle ou physique contre les autres humains ou les autres animaux. Il comprend que la punition, les menaces, la violence émotionnelle et physique le contraindraient à une vie de souffrance auto-infligée, de plus basse qualité et avec moins de bonheur, donc il les évite. À leur place il utilise la Communication Consciente et Bienveillante et d'autres outils comme la pacification seule et mutuelle, la danse des besoins et les bains d'amour avec l'intention de toujours veiller à remplir les besoins universels chez lui et les autres ;
  • il vit une vie pleine de sens, en équilibre, avec une fondation de joie profonde et durable en ayant une qualité de vie plus haute que ce qu'il aurait pu atteindre auparavant.

Dans cet article nous sommes restés dans une vision globale des causes d'origine et de leurs conséquences. Dans de futurs articles nous allons plonger dans les détails des différents points évoqués pour comprendre leur importance et les solutions concrètes qui existent déjà.

Une percée évolutionnaire, une grande avancée dans notre évolution, est désormais possible. Chacun qui met en pratique les solutions aux deux causes d'origine bénéficiera d'une vie de plus haute qualité, d'une meilleure santé et de beaucoup de sens dans sa vie, même si les autres autour ne changent rien.