Transformer l'éco-anxiété en actions positives

Vu la vitesse de dégradation des écosystèmes qui assurent les conditions nécessaires pour notre existence, il est facile à comprendre que cela puisse engendrer des sentiments désagréables comme l'anxiété, l'inquiétude, le désespoir, d'être dépassé ou impuissant, la frustration, la vulnérabilité et la colère par exemple. Ce qui stimule ces sentiments est les besoins fondamentaux qui sont menacés ou pas remplis chez nous, comme la sécurité, la nourriture, la stabilité, la sérénité, le pouvoir d'action, la considération/respect, la confiance, la justice, de prendre soin, la paix ou l'espoir, etc.

clochePour rappel, par bienveillance nous souhaitons œuvrer avec ceux et celles qui ont déjà décidé d'eux-mêmes d'apporter des changements à leur vie, mais pas de faire changer ceux et celles qui ne sont pas en recherche de changement. À certains moments dans le passé nous-mêmes n'étions pas en recherche de changement, donc c'est facile à comprendre que d'autres personnes pourraient passer par des moments pareils. Si vous n'avez pas envie de faire évoluer votre vie en ce moment, pas de souci, notre bienveillance pour vous reste inchangée. Nous souhaitons à tout le monde une vie pleine de joie, en bonne santé et pleine de sens, peu importe les différences dans nos modes de vie.

Comment transformer l'éco-anxiété en actions positives et faire évoluer sa vie pour avoir un impact plus positif que négatif sur les écosystèmes ? Comment œuvrer pour améliorer à la fois sa propre vie, celle des autres humains et tous les autres êtres vivants ? Voici plusieurs propositions d'actions concrètes...

Relocaliser la production de son alimentation en cultivant des forêts nourricières (aussi appelés jardin-forêts, forêt-jardins) chez soi et dans sa commune. Viser au moins 75%-80% de la surface couverte par la canopée des arbres qui sera très éparse dans certaines zones, et plus dense dans d'autres. Les zones ouvertes (clairières, marres, chemins, champs, pâtures, etc.) peuvent occuper jusqu'à 20%-25% de la surface sans dégrader l'ensemble de l'écosystème. La culture des forêts nourricières réconcilie l'agriculture et l'écologie. La production alimentaire d'une forêt-jardin comprend des fruits, des légumes, des noix, des graines, des champignons, des plantes aromatiques et médicinales, du miel, des fleurs comestibles, des céréales en petite quantité avec l'option d'y avoir de petits élevages. Cette action apporte des solutions à plusieurs problématiques planétaires comme :

  • le dégagement d'énorme quantités de CO2 dans l'atmosphère, beaucoup plus que ce qui est capté, par les pratiques agricoles qui nourrissent la majorité de la population. À l'inverse en produisant sa propre nourriture dans une forêt-jardin on capte beaucoup plus de CO2 que ce qui est émis. Pratiqué à grande échelle c'est un levier majeur pour caler, voir inverser le changement climatique. Avant que l'homo sapiens commence à brûler et raser les forêts il y avait environ 6 000 000 000 000 arbres sur Terre [1]. Aujourd'hui il en reste que la moitié. Semons et plantons des billions d'arbres, beaucoup d'espèces nourricières pour nous et le reste du vivant, sous forme d'un grand maillage de forêts-jardins, dans une vision écocentrée.
  • les sécheresses et canicules. Les forêts attirent et créent la pluie via plusieurs mécanismes [2]. Elles restaurent les cycles hydrologiques que nos pratiques agricoles ont cassés via le fait de raser ou brûler la forêt pour faire des champs et pâtures. Elles recyclent l'eau à l'intérieur de leur végétation via la condensation de l'eau transpirée par les feuilles, la création d'eau nouvelle via la décomposition du bois mort et la photosynthèse. Une forêt très diverse est plus résiliente face aux sécheresses, canicules et autres dérèglements prévus grâce à la redondance entre les êtres vivants qui jouent de multiples rôles dans l'écosystème. Un sol forestier avec un taux de 4% de matière organique peut stocker 8 fois plus d'eau qu'un champs. Au lieu de de faire d'énormes réserves de stockage d'eau, faisons comme prévu par la nature : stocker l'eau dans un sol forestier dans lequel poussent les végétaux qui nous nourrissent, attirer et créer de la pluie avec la végétation d'une forêt, recycler l'eau au sein de la végétation multi-étagée et dense et créer de l'eau nouvelle sur place.
  • la destruction de la biodiversité par notre mode d'agriculture et nos modes de vie. Les forêts nourricières abritent une grande biodiversité dans leurs différents biotopes tels que des zones à canopée éparse, des zones ombragées, des zones aquatiques, des clairières et des lisières. La somme de la biodiversité de chaque biotope fait que l'ensemble des biotopes accueillent un maximum de biodiversité.
  • la dégradation des sols agricoles, qui finit par créer des déserts (la désertification). La culture des forêts inverse la dégradation et restaure la fertilité des sols, la biodiversité et la résilience de l'écosystème.
  • l'érosion massive de nos terres arables lors de fortes précipitations. Une forêt mature avec un sol en bon état prévient l'érosion lors de fortes précipitations et remplit les nappes phréatiques.
  • la lutte contre la succession écologique qui est responsable de la majorité des problèmes écologiques d'origine agricole. En cultivant la végétation climacique (qui est la forêt là où il y a plus de 550 mm de précipitation par an) nous reprenons notre rôle écosystémique bénéfique en accélérant la succession écologique vers des systèmes plus complexes, plus productifs, plus fertiles, plus diverses et plus résilients. L'être humain peut devenir un atout de l'écosystème quand il œuvre avec le reste du vivant dans une vision écocentrée (pas anthropocentrée), et pas contre la succession écologique et le reste du vivant.
Pour ceux qui n'ont pas encore de terrain, il y a bien sûr l'option d'acheter du terrain, mais vous pouvez aussi participer à un projet associatif ou communal, ou aider un projet déjà en cours via un coup de main, du prêt de matériel ou une contribution financière par exemple.

Prendre notre rôle écosystémique le plus bénéfique possible en tant que cueilleur-semeur-protecteur. Cueilleur de la majorité de notre alimentation, disperseur des graines des plantes qui nous nourrissent et source perpétuelle de fertilité pour les végétaux dans une relation symbiotique avec eux, et protecteur de tout le vivant et non-vivant. L'homo sapiens fait partie de la famille des hominidés, les grands singes, comme les bonobos, les chimpanzés, les gorilles et les orang-outans. Ils sont tous bénéfiques à leur écosystème en tant que cueilleurs-semeurs [3, 4, 5]. Dans son rôle écosystémique bénéfique l'être humain a un impact beaucoup plus positif que négatif. Plus l'être humain s'éloigne de son rôle écosystémique bénéfique, plus son impact est négatif. Aujourd'hui nous sommes très éloignés de notre rôle écosystémique bénéfique et notre impact est très négatif.

Dans le paradigme actuel, on a regardé comment nos ancêtres ont vécu depuis des dizaines de milliers d'années et pris ça comme l'image de "qui nous sommes". Le gros souci avec cette logique c'est que nos ancêtres étaient éloignés eux aussi de nôtre rôle écosystémique le plus bénéfique et leur impact étaient plus négatif que positif depuis au moins 40 000 ans. Ils ont entamé la 6ème extinction massive des espèces, appelé l'extinction holocène [6], en tuant la mégafaune sur chaque continent qu'ils ont colonisé, ce qui a dégradé et fragilisé massivement nos écosystèmes. Notre propre existence dépend de la bonne santé de nos écosystèmes, donc cette destruction revient à notre autodestruction. Ceci est complètement évitable et pas nécessaire. Quand l'être humain agit en tant que cueilleur-semeur-protecteur comme défini ci-dessus, il a un impact plus positif que négatif sur son écosystème et en est un atout. L'écosystème devient plus diverse, plus résilient, plus fertile et plus productif grâce à sa présence.

Chûte de la population de la Megafaune

Attention, il y a deux questions bien distinctes : "comment ont vécu les homo sapiens depuis l'apparition de notre espèce ?" et "comment est-ce que l'homo sapiens peut avoir un impact beaucoup plus positif que négatif sur les écosystèmes ?". Vous voyez la différence ? La première se souci absolument pas ni d'agir d'une façon bénéfique à tout le vivant y compris nous-mêmes, ni d'assurer notre survie en prenant soin de l'écosystème qui permet notre existence. La première nous bloque dans notre paradigme actuel avec un comportement destructeur envers le reste du vivant et nous-mêmes. Nous pouvons être bien plus heureux que nous sommes aujourd'hui, les connaissances et les solutions existent déjà mais certaines sont très récentes et la majorité peu connues.

Avec les pratiques de l'agriculture de steppe (basée sur les champs, les pâtures, les céréales, les plantes annuelles et l'élevage d'autres animaux) nos ancêtres ont commencé la lutte contre la succession écologique en brûlant et en rasant des forêts qu'ils ne savaient pas cultiver. Cela a engendré de l'érosion sévère, une forte dégradation de la biodiversité, l'appauvrissement des sols cultivés, changé les cycles de l'eau en réduisant la quantité de précipitations que nous recevons aujourd'hui dans pas mal de régions du monde et nous rend plus vulnérables à cause des sécheresses que nous subissons. Certes ils ont fait de leur mieux dans des conditions difficiles, ils cherchaient simplement à survivre, ils manquaient du recul sur les conséquences de leurs actions, ils n'avaient pas les connaissances scientifiques que nous avons aujourd'hui, donc on peut comprendre leur comportement et avoir de l'empathie pour eux. Leur impact négatif était moindre que le notre aujourd'hui, mais ils ne sont pas un modèle de comment l'homo sapiens peut être un des éléments les plus bénéfiques de son écosystème. Les autres hominidés, nos cousins, qui ont tous un impact bien plus positif que négatif sur leur écosystème, avec qui nous partageons 98,7% de notre ADN (pour les bonobos et chimpanzés), nous montrent le cap. En s'appuyant sur nos connaissances scientifiques d'aujourd'hui (et en filtrant les croyances périmées du passé) nous pouvons vivre consciemment d'une façon qui est dans l'intérêt de tout le vivant et non-vivant et remplir nos besoins universels beaucoup plus que ce qui est le cas aujourd'hui, tout en restaurant cette planète paradisiaque. Un article dédié à ce sujet complexe et profond est planifié dans le futur.

Remplir nos besoins nutritionnels avec les aliments d'une forêt nourricière qui demandent le moins d'eau et qui émettent le moins de CO2 et en plus qui nous protègent du cancer, de la maladie cardiovasculaire, du diabète, etc [7].

Besoins en eau des aliments Effet de serre selon alimentation

Nous-mêmes nous avons réduit nos émissions de CO2 par 91%-93% par rapport à la moyenne française, pour atteindre seulement 0,83 tonnes/an chacun en 2023. La moyenne française est entre 9 (2022) et 11,9 (2019) tonnes/an selon l'année et la source. Nous continuons chaque année à réduire nos émissions et capter de plus en plus de CO2. D'ici 10 ans notre forêt-jardin à elle seule captera plus de CO2 que nous émettrons. La forêt sur le reste de notre propriété capte environ 106 tonnes de CO2/an actuellement. Si collectivement on faisait pareil, nous pourrions caler le dérèglement climatique et baisser les concentrations atmosphériques de CO2 à un niveau bien inférieur qui stabiliserait le climat.

Pour ce qui est de la nutrition, une bonne partie des conseils nutritionnels qu'on nous apprend en France ne sont pas à jour. De nombreux organismes nutritionnels et de la santé dans le monde affirment qu'une alimentation bien menée fortement ou complètement basée sur les aliments d'origine végétale fournit non seulement tous les nutriments dont nous avons besoin, mais aussi des avantages dans la prévention de certaines maladies et une durée de vie plus longue [8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, et plein d'autres]. N'oublions pas que la viande transformée (le jambon, les saucisses, les hot-dogs, le corned-beef, les lanières de bœuf séché, les viandes en conserve et les préparations et les sauces à base de viande) est classifiée comme un cancérigène certain pour l'homme par l'Organisation Mondiale de Santé [17, 18, 19]. Ils ont classifié la viande rouge (issus des tissus musculaires de mammifères comme le bœuf, le veau, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre, etc.) comme un cancérigène probable pour l'homme [20]. Les nutriments dans la viande se trouvent facilement dans d'autres aliments pas classifiés comme cancérigènes. Nous proposons de consommer ces autres aliments non-cancérigènes, qui en plus souvent nous protègent des cancers, et de les cultiver en abondance pour assurer qu'il y en a toujours plus qu'assez.

Nous-mêmes nous ne nous identifions pas comme végétarien, végétalien ou vegan ; c'est plus complexe qu'une simple étiquette qui divise et catégorise les gens. Nous sommes tous des humains qui essayons de manger ce qu'on pense va nous maintenir en bonne santé. Nous-mêmes nous considérons qu'il y a quatre classes d'aliments : des aliments

  • de 1er choix qu'on adore en grande quantité et dans leur forme naturelle sans être dénaturés par la cuisson ou la stérilisation pour éliminer des pathogènes ou détruire des molécules toxiques, sans assaisonnement, sans ajout de sucre et sans transformation de n'importe quelle façon ;
  • de 2nd choix qu'on apprécie mais en moins grande quantité, et qui dans leur forme naturelle sont moins remarquables au niveau gustatif ;
  • de 3eme choix qu'on ne mangerait pas tant qu'il y a des aliments de 1er et 2nd choix disponibles en quantité suffisante, mais qui restent acceptables en très petite quantité, transformés ou bien assaisonnés pour modifier ou masquer leur goût nature ;
  • de survie qu'on ne mangerait pas sauf si les aliments de 1er, 2nd et 3eme choix manquaient et il y avait un fort risque de mourir de faim. Dans ce cas une modification importante pourrait être nécessaire pour rendre la chose comestible comme une stérilisation par la cuisson, de l'assaisonnement fort ou la transformation importante pour éliminer les aspects qui nous déplaisent.

L'information nutritionnelle qu'on nous donne peut nous induire en erreur si elle n'est pas en accord avec la meilleure des connaissances scientifiques d'aujourd'hui. Les recherches récentes ont bouleversé nos croyances collectives du passé et beaucoup des anciennes croyances sur la nutrition qu'on nous a appris depuis tout petit sont périmées.

70% de la surface des terres agricoles dans le monde est dédiée à l'élevage directement ou indirectement [21], et l'élevage fournit seulement 13% de nos calories alimentaires en France. Il est possible de produire beaucoup plus de calories et beaucoup plus de protéines, y compris une abondance des 9 acides aminés essentiels, en cultivant des aliments d'origine végétale sous forme de forêt nourricière multi-étagée sur une petite partie de cette surface de terres agricoles [22, 23, 24, 25]. Le reste des terres agricoles pourrait être rendu au reste de la nature dans une démarche de restauration de notre écosystème à échelle massive en laissant s'y déployer des forêts climaciques et majestieuses en libre évolution.

Adopter une vision écocentrée et abandonner la vision anthropocentrée du paradigme actuel. Nous sommes tous nés dans le paradigme actuel qui est anthropocentré, c'est à dire centré sur l'être humain. L'intérêt de l'être humain se trouve au centre de toute décision et action. On ne nous apprend pas une vision de la vie qui est écocentrée, où l'intérêt de l'ensemble de l'écosystème se trouve au centre de nos décisions et actions. Une vision anthropocentrée nous incite à agir d'une façon qui semble être dans notre intérêt, mais qui finit par dégrader l'écosystème dont notre existence dépend. C'est un sacré piège. Détruire l'écosystème dont notre existence dépend revient à l'auto-destruction. Quand nous vivons dans notre rôle écosystémique bénéfique nous assurons notre propre survie ainsi que celle du reste du vivant, et cela ferait de nous un atout de nos écosystèmes. En prenant soin de tout, nous prenons soin de nous.

Apprendre à reconnaître chez soi et les autres les environ 140 besoins universels de l'être humain (émotionnels et physiologiques) [26], et au moins 50 sentiments [27]. Le plus de besoins universels et de sentiments que nous maîtrisons le mieux nous nous comprenons nous-mêmes et les autres, ce qui permet d'augmenter notre qualité de vie et de vivre plus joyeusement. Une clé du prochain pas dans notre évolution collective, dans la co-création du prochain paradigme, est de savoir remplir nos besoins universels avec de nouvelles stratégies qui ont un impact positif sur nos écosystèmes, ou au pire neutre. Sans connaître très bien nos besoins universels nous restons dans des stratégies déconnectés de nos besoins et qui ont très souvent un impact plus négatif que positif. Il est aussi critique d'apprendre à s'exprimer quand on a des besoins non-remplis sans violence psychologique et d'une façon qui facilite le remplissage et de nos besoins et des besoins des autres. Les techniques de la Communication Consciente et Bienveillante (aussi appelée la CNV) nous donne de nouveaux outils pour mieux remplir nos besoins et atteindre une plus haute qualité de vie. En 2015 nous-même avons commencé à apprendre et utiliser la Communication Consciente et Bienveillante au quotidien, pas comme un outil pour éteindre le feu après un conflit, mais pour prévenir des conflits tout court. La maîtrise de la Communication Consciente et Bienveillante est un chemin, comme l'apprentissage d'une langue étrangère (sauf pour les enfants chanceux à qui on l'a appris depuis la naissance). Plus on avance sur ce chemin plus heureux nous sommes car nos besoins sont mieux remplis. Nous-mêmes avons encore du chemin devant nous, de temps en temps nous n'arrivons pas à nous exprimer exactement comment on voudrait, mais nous sommes ravis du chemin que nous avons déjà fait qui est un pilier de notre stabilité et qualité de vie.

"Soit le changement que tu veux voir dans le monde" -Gandhi. Si ça vous tente, décrivez à l'écrit un monde paradisiaque, d'une beauté saisissante, un monde de joie, de paix et de bonne santé pour tous, y compris les autres êtres vivants. Comment est-ce que vous voulez que les gens règlent des différends ? Avec de la compassion et de la compréhension en cherchant une stratégie où chacun y trouve son compte, ou la domination et la violence psychologique et physique ? Quel rapport souhaiteriez-vous voir entre l'être humain et le reste du vivant ? L'exploitation et la domination ou des rapports symbiotiques et respectueux ? Quelle qualité de vie souhaiteriez-vous pour tout le monde, sachant qu'elle est un pilier d'une bonne qualité de vie ? Quelle place à l'argent dans ce nouveau monde ? Qu'il soit utilisé comme une corde autour du cou de chacun nous exigeant de faire absolument tout pour en gagner, même détruire l'écosystème qui permet notre existence ? Ou plutôt que l'argent soit un simple outil facultatif, comme un marteau, que nous pouvons utiliser pour mieux remplir nos besoins dans une vision écocentrée ? Quelle place à la discrimination sous ses diverses formes comme le spécisme (discrimination contre les autres espèces pour justifier leur exploitation), le racisme, le sexisme, ou basée sur la religion ou l'âge ? À quoi ressemblerait la Terre restaurée en planète paradisiaque ? Comment est-ce que les gens se déplaceraient ?

Voilà, maintenant le cap est défini. Ensuite cherchez des stratégies pour faire évoluer votre vie pour avancer vers ce cap et créer à votre échelle ce monde paradisiaque. Devenez progressivement le changement que vous voudriez voir dans le monde. Ce cheminement remplirait votre vie de sens, de passion, de motivation et augmenterait votre qualité de vie grâce au meilleur remplissage de vos besoins universels. Peu importe si les autres humains font pareil ou non, votre vie sera améliorée. Rapprochez-vous des autres acteurs dans cette évolution pour se donner du soutien mutuel.

Protéger toute la nature et abandonner toute lutte contre d'autres êtres vivants. Prenez conscience que les mots "nuisible", "ravageur" et "envahissant" sont des images d'ennemi qui coupent notre compassion pour ces êtres vivants qui jouent tous un rôle important et bénéfique dans l'écosystème, même quand l'être humain ne le comprend pas encore. Nos connaissances collectives avancent vite, mais il reste beaucoup de choses que nous ne comprenons pas. La nature se rend de plus en plus résiliente en ayant plusieurs êtres qui assurent chaque rôle dans l'écosystème (disperseurs de graines, décomposeurs, régulateurs de population, fixateurs d'azote, disperseurs de phosphore, etc.). Cette diversité et redondance est la base de sa résilience. Quand l'être humain juge un être vivant comme "nuisible" ou "ravageur" et part en guerre pour l'éradiquer, il réduit la diversité et la résilience de l'écosystème en détruisant un être dont il ne reconnaît pas le rôle précieux. La perception du reste du vivant dans notre paradigme actuel nous incite fortement à lutter contre tel ou tel être vivant, sans chercher à comprendre en quoi il est précieux et comment via son rôle dans l'écosystème il œuvre pour nous et pour le reste du vivant. Les jugements "envahissant" ou "exotique" témoignent souvent d'une volonté de la personne de prendre soin du reste de la nature. Nous apprécions beaucoup cette volonté de prendre soin. Mais cette notion d'indigénat est basée sur une ancienne compréhension de la nature qui depuis a été mise à jour, car dans le passé on imaginait que dans un lieu donné il y aurait un certain nombre d'espèces présentes. Les espèces présentes sont "indigènes" et ceux qui arrivent depuis loin sont "exotiques". Aujourd'hui les avancées dans la science nous apprennent que l'inventaire des espèces présentes sur un lieu est en évolution constante : de nouvelles espèces apparaissent, le climat évolue, certaines espèces migrent, de nouvelles arrivent et rentrent dans l'équilibre de l'écosystème tout en diversifiant l'écosystème, en ajoutant de la redondance d'éléments qui jouent les différents rôles. Dans une vision écocentrée ceci est dans l'intérêt de l'ensemble de l'écosystème. Dans une vision anthropocentrée on peut se créer des images d'ennemi et partir en guerre contre différents êtres vivants de l'écosystème.

Quand l'être humain dégrade l'écosystème en faisant reculer la succession écologique à ces jeunes stades, et une plante essaie de réparer ces dégâts que nous avons infligés, nous jugeons l'espèce "envahissante" et justifions une "lutte" contre elle. Souvent le rôle de ces plantes est d'arrêter l'érosion, augmenter la fertilité du sol, décompacter le sol, dépolluer le sol, etc. Elle répare les dégradations que l'être humain a engendrées sans s'en rendre compte. Elle œuvre pour nous et pour le reste du vivant, mais avec notre compassion coupée pour elle par le jugement, nous ne le voyons pas. La majorité de l'alimentation des français (et dans plein de pays) est basée sur des plantes qui viennent d'ailleurs. Vous croyez que les pommiers sont indigènes à la France ? Non. Les cerisiers ? Non. Les poiriers ? Non. Les pêchers ? Non. Les tomates ? Non. Les céréales, melons, agrumes, pois chiches, pommes de terre, maïs, pastèques, courgettes, aubergines, courges et poivrons ? Non. N'oublions pas que l'homo sapiens est originaire d'Afrique tropicale. Dans notre paradigme actuel nous sommes très fiers d'avoir "colonisé" tous les continents où nous pouvons vivre. Pourtant nous reprochons les autres êtres vivants qui font ce dont nous sommes très fiers d'avoir fait nous-mêmes. Nos reproches de ces êtres vivants justifient une "lutte" contre eux. Quand un être vivant arrive dans un nouveau lieux il trouvera sa place et l'équilibre du système sera maintenu dans la durée. Il est probable qu'il joue le même rôle écosystémique que d'autres êtres vivants déjà présents, ce qui rend l'écosystème plus résilient et diverse. Il aura une utilité pour certains autres êtres, pas pour d'autres, mais un intérêt général pour la diversité et résilience de l'écosystème. Quand un être vivant joue son rôle écosystémique il a un impact plus positif que négatif. L'homo sapiens est à ce jour l'être vivant qui ne joue pas son rôle écosystémique bénéfique et qui cause des dégâts inimaginables. Utilisons notre énergie précieuse pour restaurer massivement nos écosystèmes et protéger tout le vivant au lieu de mener des guerres contre le vivant.

Installer des toilettes sèches chez soi et éviter autant que possible de faire ses besoins dans de l'eau potable (des toilettes à eau). C'est super simple de gérer des toilettes sèches et elles nous permettent de rentrer dans un cycle vertueux avec la végétation qui nous nourrit, comme prévu par la nature. Les plantes nous nourrissent et en retour nous nourrissons les plantes et dispersons leurs graines dans une relation symbiotique. Il est facile d'avoir des toilettes sèches qui ne sentent pas, ou au moins pas plus que des toilettes à eau (qui sentent quand-même un peu des fois). Le compostage se fait à froid pendant 1 an avant l'utilisation du compost mûr au pied des arbres, ou 2 ans pour une utilisation parmi les plantes potagères. Depuis que nous-mêmes nous avons commencé à utiliser des toilettes sèches, nous avons horreur d'utiliser des toilettes à eau que nous apprécions beaucoup moins. Nos besoins émotionnels sont plus remplis maintenant et nous retrouvons notre place dans le cycle de nutriments qui passe par le sol, les plantes, et nous-mêmes. Il y a plein de sites qui expliquent comment fabriquer des toilettes sèches soi-même pour pas cher et comment gérer le compostage (c'est un jeu d'enfant...).

Acheter d'occasion en priorité dans les magasins de seconde main et les braderies. Participer dans les zones de gratuité en apportant ce que vous n'utilisez plus et en prenant ce qui vous êtes utile. En ce qui nous concerne, 95% de nos vêtements sont d'occasion et concernant les objets nous essayons d'acheter d'occasion avant d'accepter d'acheter du neuf. Ceci contribue à baisser notre empreinte carbone. Il y a des grandes quantités de vêtements et d'objets en bon état, autant faire durer leur vie et éviter d'inciter la production de produits neufs qui engendrent plus de pollution. Un deuxième pas est de produire soi-même autant qu'on peut pour éviter les dégâts environnementaux liés aux produits fabriqués ailleurs. Par exemple : faire son propre compost (épluchures de table et des toilettes sèches) au lieu d'en acheter dans des sacs en plastique ; cultiver du bambou pour faire ses propres tuteurs ou structures au lieu d'en acheter qui viennent de Chine ; réutiliser des contenants pour d'autres choses jusqu'à la fin de leur vie avant de les recycler. Réduire sa consommation, réutiliser ce qui existe déjà d'occasion, réparer les choses pour faire durer leur vie, puis les recycler... dans cet ordre-là notre impact est minimisé.

Vivre dans une maison passive. Si ce n'est pas possible, habiter une petite surface très bien isolée et se chauffer avec un poêle fusée de masse qui consomme habituellement 70-90% moins de bois qu'un poêle à bois moderne. Ce n'est pas un "poêle de masse" tout court qui a ses propres avantages comparé à un poêle à bois. Le poêle fusée de masse est un poêle avec une chambre de combustion en forme de J, une cloche métallique et son conduit qui fait un aller-retour dans une banquette de masse thermique qui extrait beaucoup de chaleur. La chaleur émise par un feu de 1 à 4 heures, suivant la taille de l'habitat, est ensuite restituée pendant 24h par la banquette. Ces poêles fusées permettent de consommer extrêmement peu de bois. En consommant moins de bois et en faisant des feux très chauds et brefs on émet moins de CO2 et de particules fines. Les diamètres de bois utilisés sont plus petits qu'avec un poêle classique ce qui permet d'aisément cultiver son bois en conduisant des arbres adultes en trogne. On peut capter plus de CO2 chaque année dans la végétation pérenne et le sol chez soi que ce que nous émettons globalement. Pour créer une relation symbiotique avec les arbres, fertiliser ces arbres trognés avec le compost de ses propres toilettes sèches et disperser leurs graines pour assurer leur descendance. Ce type de poêle a été conçu aux États-Unis dans les années 80, donc la majorité des informations sont en anglais aujourd'hui. Une référence pour apprendre à les construire c'est le livre "The rocket mass heater builder's guide" de Erica et Ernie Wisner. Il y a déjà quelques ressources en français en ligne.

L'être humain, originaire de l'Afrique tropicale, s'est crée un souci en s'installant hors de sa zone d'origine car notre physiologie seule ne suffit pas pour survivre pendant les hivers (notre physiologie veut dire notre corps et rien d'autre, pas de vêtements, pas de feu, rien que notre corps). Imaginez d'essayer de survivre l'hiver dehors, à poil, avec la pluie et la neige, sans aucun vêtement, chaussures ou feu. Le risque de mourir d'hypothermie est important. La physiologie d'autres espèces adaptées aux hivers froids leur permet de survivre sans vêtement ou feu. Dans un climat tropical l'être humain n'a pas besoin de vêtements ou de feu pour maintenir son corps à une température confortable. Vu comme il semble impossible (et pas souhaitable) d'entasser les ~8 milliards d'être humains dans les zones tropicales de la planète d'une façon bénéfique à tout le vivant, nous proposons d'essayer d'avoir un impact global beaucoup plus positif que négatif dans la vie, et donc d'abord essayer de supprimer le besoin de nous chauffer activement (avec une maison passive par exemple), et si ce n'est pas possible, de très bien isoler une petite habitation et de minimiser l'impact de notre moyen de chauffage en captant beaucoup plus de CO2 que ce que nous émettons globalement.

Se laver au gant et laver ses cheveux à sec. Une partie importante de la réduction de notre propre consommation d'eau domestique est le fait d'utiliser des toilettes sèches, de se laver au gant et de se laver les cheveux à sec. Notre consommation d'eau domestique est 90% inférieure à la moyenne française [28]. En effet nous consommons que 14 L d'eau par personne par jour pour nos utilisations domestiques alors que la moyenne française est de 145 L/jour. Nos besoins sont mieux remplis aujourd'hui par notre choix de nous laver au gant et de nous laver les cheveux à sec par rapport à quand par le passé on se lavait en prenant une douche, donc ce n'est pas un sacrifice pour nous, c'est l'option que nous préférons. Nous lavons nos cheveux avec la technique de trois peignes, ayant chacun des dents de plus en plus serrées, qui consomme 0,05 litres d'eau par lavage (donc presque rien). Une explication détaillée de cette technique sera le sujet d'une page dédiée de notre base de connaissances. En attendant voici un résumé : c'est une ancienne technique utilisant 3 peignes avec un espacement des dents de plus en plus serrées. Le premier peigne a un espacement des dents normal. Le deuxième bien plus serré. Le troisième est un peigne avec les dents extrêmement serrées, comme les peignes pour les poux. En se brossant les cheveux et en lavant les peignes entre chaque passage avec une tête de brosse à dents et du savon naturel, on peut enlever les saletés de ses cheveux tout en étalant l'huile naturelle bénéfique à nos cheveux. On passe le premier peigne avec les dents les plus espacées deux fois partout dans ses cheveux pour enlever des nœuds, puis on passe le deuxième peigne plusieurs fois partout dans ses cheveux en le lavant après chaque passage jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de saletés sur le peigne après un passage, et enfin on passe le dernier peigne avec les dents les plus serrées, en le lavant après chaque passage, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de saletés dans le peigne après le dernier passage. Voici une vidéo en anglais qui explique la méthode. Nous consommons entre 10% et 15% de nos calories en provenance de lipides, donc nos cheveux ne sont pas gras.

Entamez une descente énergétique planifiée. C'est un sujet très vaste, mais par exemple on peut commencer une transition vers des moyens de transport qui ont un impact environnemental de plus en plus neutre. C'est un processus graduel qui dépend de la situation de chacun, donc on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a. Par exemple, au lieu d'une voiture personnelle, utiliser une voiture mutualisée. Passer d'une voiture mutualisée aux transports en commun et un vélo personnel. Ensuite envisager de passer un un vélo mutualisé et se déplacer à pieds tant que possible. Sous condition d'avoir une relation symbiotique avec un cheval ou autre grand animal (sans domination/exploitation/exigences/punition), s'il est d'accord pour nous déplacer c'est une option aussi. L'idéal serait de se déplacer uniquement à pieds, donc on fait ce qu'on peut dans les contraintes d'une organisation sociale que nous n'avons pas choisie nous-mêmes. Quand on se déplace à pieds, nous retrouvons nos limitations physiologiques que les moteurs nous permettent de dépasser très largement, ce à quoi nous sommes très habitués aujourd'hui.

Hors du domaine du transport, trouver de nouvelles stratégies pour remplir les mêmes besoins qu'on remplit avec des stratégies énergivores. C'est à chacun d'y réfléchir soi-même dans sa situation personnelle. Par exemple, au lieu de mener une vie en déséquilibre perpétuel à cause d'une surcharge de travail qui nous épuise, et en conséquence de fuir sa vie quotidienne désagréable en prenant des vacances dans un lieu lointain pour retrouver du calme, du repos, du plaisir et de l'équilibre, nous proposons de faire évoluer sa vie. Trouver des stratégies pour vivre au quotidien en équilibre, avec assez de calme, assez de repos, assez de plaisir, assez de travail sur un projet qui a beaucoup de sens, assez de temps pour sa santé physique et émotionnelle, et assez de temps pour prendre soin de ses relations, avec soi-même et les autres. Dans une vie en équilibre avec ses besoins remplis, il n'y a pas besoin de la fuir ou de compenser pour son mal-être avec des stratégies énergivores ou souvent polluantes. Si sa vie est ennuyante et on a besoin d'expérimenter l'intensité de la vie, on peut faire de la place dans sa vie pour une activité passionnante et intense émotionnellement qui a un impact positif, ou au pire neutre sur notre écosystème. Une maîtrise des ~140 besoins universels humains est primordiale pour trouver de nouvelles stratégies pour remplir les mêmes besoins (lien en début d'article).

Nous-mêmes nous avons baissé notre consommation électrique de 90% par rapport à la moyenne française et sommes en train de transitionner vers des moyens de transport avec de moins en moins d'impact environnemental. L'organisation sociale actuelle nous impose des contraintes que nous n'avons pas choisies, avec les services de première nécessité éloignés les uns des autres car il est présumé que les gens se déplacent avec un véhicule. Nous faisons ce que nous pouvons et sommes ravis de ce que nous faisons et allons faire par la suite au niveau de nos moyens de transport. Un autre impact positif de notre descente énergétique est une forte réduction de nos déchets ménagers, que nous avons réduit de 98% par rapport à la moyenne française. Nous produisons chacun 5 kg de déchets par an, par rapport à la moyenne nationale de 354 kg/personne par an.

Conclusion

Nous espérons que ceux et celles qui souhaitent faire évoluer leur vie auront trouvé des idées dans cet article pour avancer sur leur chemin vers une vie de plus haute qualité et en équilibre avec le reste du vivant :) Nous comprenons que de tels changements de vie prennent du temps ; il nous a fallu quelques années pour apporter les plus grands changements à nos vies. Nous sommes tous sur notre propre chemin avec différentes contraintes. Chaque changement apporté nous fait avancer vers une vie qui ressemble plus au monde que nous rêvons de créer. On avance vers son cap un pas à la fois. Personnellement, nous préférons éviter les comparaisons entre personnes qui peuvent être émotionnellement blessantes. Nous-mêmes nous sommes plus avancés sur notre chemin aujourd'hui que nous ne l'étions par le passé, et dans le futur nous serons certainement encore plus proches de nos objectifs. Chacun fait ce qu'il peut avec ce qu'il a :)