L'effet puissant de climatisation d'une forêt-jardin

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cloche Pour rappel, par bienveillance nous souhaitons œuvrer avec ceux et celles qui ont déjà décidé d'eux-mêmes d'apporter des changements à leur vie, mais pas de faire changer ceux et celles qui ne sont pas en recherche de changement. À certains moments dans le passé nous-mêmes n'étions pas en recherche de changement, donc c'est facile à comprendre que d'autres personnes pourraient passer par des moments pareils. Si vous n'avez pas envie de faire évoluer votre vie en ce moment, pas de souci, notre bienveillance pour vous reste inchangée. Nous souhaitons à tout le monde une vie pleine de joie, en bonne santé et pleine de sens, peu importe les différences dans nos modes de vie.

Les îlots de chaleur

L'effet qui s'appelle "îlot de chaleur urbain" est bien connu [1,2]. Lors des journées chaudes d'été dans les zones urbaines avec une végétation très éparse ou inexistante on a l'impression d'être dans un four. En physique on appelle ça la chaleur sensible [3,4], une chaleur qu'on ressent comme la chaleur d'un four.

Image thermique d'une ville et un parc
Une image thermique qui montre le contrast de température entre des bâtiments et un parc boisé. Jean-Luc Galabert, Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau pour restaurer la fécondité des sols et prendre soin du climat, Documentation ISI — Initiatives et Solutions Interculturelles, Version 2, 25 juillet 2022.

La différence de température entre la forêt et les champs agricoles est aussi connue et visible grâce aux images thermiques satellites du Landsat 8 [5,6,7]. Les champs agricoles avec peu ou pas d'arbres sont des îlots de chaleur agricoles comparé aux forêt-jardins et aux forêts. Avant le déboisement total en France de la forêt primaire européenne qui existait après la dernière glaciation et avant l'arrivé de nos ancêtres, toute la France était un grand îlot de fraîcheur. Ayant tellement déboisé et dénaturé le pays depuis des milliers d'années, aujourd'hui on appelle les zones forestières des "îlots de fraîcheur" car elles sont tellement morcelées, réparties dans un océan d'îlots de chaleur agricoles et urbains. Le chemin vers un futur plus frais et agréable passe par une réconciliation de l'agriculture et de la forêt via des forêts nourricières, et la réconciliation de nos habitations avec la forêt et les végétaux.

Image thermique satellite en Corèze
Tout ce qui est rose/rouge/orange/jaune est soit des champs agricoles soit des zones urbaines. La zone la plus chaude en bas au centre est un ensemble de champs agricoles comme vous pouvez le voir dans la prochaine image.

Image satellite en Corèze
La même vue où on voit les champs agricoles et la forêt autour qui est bien moins chaude que les champs.

Mesures de cet effet à La Forêt Jardinée

Températures relevées lors d'une canicule à La Forêt Jardinée
Vue aérienne de la position des deux thermomètres.

Le 22 juin nous avons mesuré la température dans deux endroits différents sur nos parcelles : dans un champs agricole (ancienne vigne avec des herbes sèches) et au centre de notre forêt-jardin. Les deux thermomètres utilisés sont calibrés exactement pareil et affichent précisément la même température quand ils sont côte à côte dans un même lieu. Ils étaient posés à l'ombre tous les deux avec une bonne circulation d'air autour d'eux.

Les prévisions météo pour la commune de Saint Étienne d'Albagnan le 22 juin prévoyaient une température maximum de 35°C. La différence entre 35°C des prévisions et la température de 40,2°C affichée sur le thermomètre dans le champs d'herbes sèches c'est la température de l'air plus la chaleur sensible dégagée par le sol. Le corps humain à l'ombre ressent réellement 40,2°C, mais si on est au soleil les rayons directs du soleil nous chauffent encore plus.

Dans notre forêt-jardin au même moment le thermomètre affichait 29,1°C et il y avait un ressenti de fraîcheur et de bien-être. Cela fait une différence de 11,1°C, ce qui est énorme au niveau confort ! Dans notre forêt-jardin c'était très agréable. Dans le champs herbeux c'était désagréable car beaucoup trop chaud.

La même expérience a été menée le 29 juin, un jour où les prévisions annonçaient 37°C comme température maximum. Ce jour-là à 16h35 la température dans le champs d'herbes sèches à l'ombre était 43,2°C, alors que dans notre forêt-jardin (prise de température au même endroit que le 22 juin) le thermomètre affichaient 34,1°C. Cela fait un décalage de 9,1°C.

Note technique
L'enthalpie de changement d'état, anciennement appelé chaleur latente, c'est l'énergie qui change la phase d'une matière sans aucunement changer sa température, comme la transition d'un solide à un liquide, ou un liquide à une vapeur, ou une vapeur à un plasma[8]. La chaleur sensible augment la température de la matière mais ne peut pas changer sa phase, comme l'eau qui monte de 20°C à 30°C tout en restant un liquide.

Températures relevées lors d'une canicule à La Forêt Jardinée
La Forêt Jardinée, le 29 juin 2025.

Dans notre forêt-jardin la végétation dense et multi-strate convertit 70-80% de l'énergie solaire en chaleur latente ce qui n'augmente pas la température, et crée l'effet de climatisation naturelle. Il y a extrêmement peu de soleil qui atteint la terre de notre forêt-jardin à partir du mois de juin, donc le sol est très peu chauffé par les rayons directs du soleil. Il y a un ressenti de fraîcheur relative, de bien-être, pas d'impression d'être dans un four. 29°C est une température agréable quand on est à la mi-ombre de notre forêt-jardin.

La forêt crée un atmosphère plus propice à la vie de plusieurs façons[9], mais ici on évoque son effet de régulation des températures extrêmes. La destruction de la forêt primaire européenne pour créer des champs agricoles et des zones urbaines a détruit cet effet d'autoprotection par la végétation dense et étagée. Les cycles hydrologiques ont été fortement dégradés et les sécheresses ont commencé. Nous pouvons les restaurer avec l'aide du reste du vivant.

Distribution de l'énergie solaire
Jean-Luc Galabert, Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau pour restaurer la fécondité des sols et prendre soin du climat, Documentation ISI — Initiatives et Solutions Interculturelles, Version 2, 25 juillet 2022.

Dans le graphisme on voit que 70-80% de l'énergie solaire qui tombe sur une forêt est transformée en chaleur latente, ce qui fait que la température reste plus basse. Cette part de l'énergie solaire a effectué un changement d'état de l'eau dans les feuilles de l'état liquide à l'état gazeux (vapeur d'eau), et cette vapeur d'eau s'est échappée par les stomates des feuilles[10] pour se trouver dans l'atmosphère, prête à se condenser en gouttes et à tomber au sol de nouveau pendant une averse.

Au contraire, dans un endroit sans forêt, comme un champs agricole ou une zone urbaine, 60-70% de l'énergie solaire est convertie en chaleur sensible, ce qui crée un effet de four. Pendant les journées chaudes, l'humain et les autres êtres vivantes qui y vivent et travaillent en souffrent. Cette souffrance est auto-infligée et absolument pas nécessaire.

Qui a dégagé la forêt climatisante et créé un océan d'îlots de chaleur agricoles et urbains ? Nos ancêtres, et beaucoup de nos contemporains continuent aujourd'hui. Nous comprenons... ils n'avaient pas le recul pour comprendre l'énorme impact négatif de leurs actions. Ils se débrouillaient pour survivre hors de leur habitat d'origine, l'Afrique tropical. Aujourd'hui nous avons beaucoup de connaissances scientifiques même s'il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas. Le mode d'agriculture que nos ancêtres ont développé il y a 10 000 ans est basé sur les champs et les pâtures pour cultiver des plantes annuelles (beaucoup de céréales) et faire de l'élevage, c'est l'agriculture de steppe. Pratiquée sur de vastes surfaces de la planète où la végétation climacique est la forêt, ce mode d'agriculture est inévitablement destructeur car il est en lutte contre la succession écologique qui mène l'écosystème vers un état de plus en plus diverse, résilient, fertile et productif. Ce mode d'agriculture est pratiqué dans une vision soit anthropocentrée (centré sur l'humain) soit égocentré (centré sur ses propres intérêts). L'agroforesterie nourricière successionnelle régénératrice est facilement compatible avec une vision écocentrée, où l'intérêt de l'ensemble du vivant, y compris l'humain, est au centre des décisions et des actions. Elle œuvre avec la succession écologique, et non contre.

En créant des forêts nourricières et en y intégrant des habitations écologiques, nous pouvons vivre à des températures agréables même quand il fait chaud, aujourd'hui et dans un avenir incertain.

Pour plus de détails et sources scientifiques vous pouvez consulter nos vidéos et articles suivants :

Sources :